19042024

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Des perspectives économiques en demi-teinte pour UBS.

Pour le chef économiste Wealth Management, l’Europe et les émergents ont encore beaucoup d’efforts à faire.

Selon le Docteur Andréas Hofert, l’Europe va mieux. Pour la première fois depuis 2008 les six grandes économies d’Europe se retrouvent en phase de croissance. La dynamique est là ! Même si les prédictions sont modestes : environ 1% (proche de 2% pour l’Allemagne), les grands déséquilibres se résorbent. La Grèce par exemple présente une balance des paiements courants à l’équilibre, fait unique depuis 1948. Il en va de même pour l’Espagne. Le Portugal aussi est en voie de redressement. Les taux, supérieurs à 7% il y a trois ans, sont redescendus à moins de 3,5%. Les agences de notations redeviennent d’ailleurs neutres sur les perspectives du pays. Cependant, tout n’est pas rose pour autant. Pour gagner en compétitivité, les pays d’Europe du sud ont recours à une déflation compétitive basée sur la baisse du coût du travail. Pour les pays du nord, le modèle reposant exclusivement sur l’exportation n’est pas viable à long terme. Il faut relancer la croissance grâce à la consommation des ménages et donc le crédit. L’union bancaire est en cours, mais elle ne sera pleinement efficace qu’avec un pilier fiscal et social harmonisé. La situation européenne ressemble pour l’économiste à celle du Japon dans les années 1990 : une démographie atone et des poussées déflationnistes pesantes, avec pour sous-jacents un euro fort et une inflation faible. La BCE va devoir réagir. Comment ? Probablement en adaptant un système de Quantitative Easing à l’Européenne, mais la cour constitutionnelle allemande fait barrage. Autre solution envisagée, la mise en place de taux d’escompte négatifs. En définitive, ni la méthode, ni le calendrier ne sont connus. La conclusion est cinglante : « Le patient est sorti des soins intensifs mais pas encore de l’hôpital ».

La situation paraît plus stable aux Etats-unis. La politique américaine se normalise, notamment grâce à l’intervention de Janet Yellen sur la réduction de l’assouplissement quantitatif. Les mauvais indicateurs du début d’année liés aux conditions météorologiques extrêmes laissent place à l’embellie. La croissance se lisse et devrait ressortir aux alentours de 3,2%. En association avec le Canada et le Mexique le projet d’indépendance énergétique à une échéance de cinq à dix ans constitue également un important relais de croissance.

Pour les pays émergents, le Brésil, l’Indonésie, l’Inde, la Turquie et l’Afrique du sud sont qualifiés de fragiles en raison de leur taux de change vis-à-vis du dollar. Il faut s’orienter vers des pays qui n’ont pas besoin de ressources externes, comme la Chine, le Mexique ou encore la Corée. La Russie est à exclure pour le moment en raison de la situation géopolitique en Crimée. Les perspectives de croissance pour la Chine sont en baisse. Les analystes les plus pessimistes tablent sur 6%. Ce ralentissement est logique dans le cadre de la convergence, d’autant plus que de grandes réformes ont été entreprises (démographie et écologie par exemple). Par ailleurs, certains problèmes spécifiques (shadow-banking et bulles immobilières notamment) ont un impact non négligeable. Les autorités en sont conscientes et devraient pouvoir les gérer grâce notamment à leurs 3500 milliards de dollars en réserve de change.

En matière d’investissement, le chef économiste d’UBS croit aux marchés actions, en particulier américain et européen. Sont préconisés, les small et mid-caps, les sociétés financières et les grandes entreprises technologiques value. Pour les émergents, les titres dans certains pays sont considérés comme sous-cotés de 30% (avec intégration du risque), mais tributaires d’une situation politique parfois instable. Enfin, mieux vaut se tenir à l’écart des obligations face à la perspective d’une politique inflationniste.