L'Edito du mois - Avril 2017

L'Edito de Jean-Denis Errard

Editeur de Gestion de Fortune
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Légende

Sur l’ISF tout a été dit, ou presque. Sauf l’essentiel à mon avis, à savoir que cet « impôt », contrairement à ce que l’on fait croire, ne frappe pas les « riches », c’est une taxe politique dont tous les Français subissent les conséquences. Qui plus est, très injuste puisqu’en réalité ce ne sont que les « petits riches » qui supportent cette sanction d’Etat. Les grandes fortunes ont soit quitté la France, soit utilisé les nombreux stratagèmes possibles pour alléger ou éviter la charge fiscale, avec notamment le bien connu bouclier « pas de revenu, pas d’impôt sur la fortune ».

En vérité, cette taxe punition, tous les Français la paient. Cela parce qu’elle a fait fuir les capitaux (comme l’a dit Patrick Artus, chef économiste de Natixis dans un entretien au Monde, « La France devient en quelque sorte un pays capitaliste... sans capitalistes »). Ces capitaux, notre pays en a besoin pour développer des entreprises et créer des emplois. Au final cet ISF n’a pas la nature d’un impôt, c’est-à-dire d’une contribution aux charges de l’Etat, mais d’un poison pour l’économie du pays.

Cet impôt au rendement dérisoire de 5,2 Md€ (à comparer aux 150 Md€ de TVA, 91 Md€ de CSG...) a des conséquences bien plus lourdes pour l’économie et pour les recettes fiscales. Car bien des millionnaires français se sont expatriés et bien d’autres, étrangers, évitent notre pays. Le signal envoyé au monde par l’accumulation de prélèvements fiscaux et sociaux dans notre pays a rebuté les investisseurs !

Il serait intéressant que la Cour des comptes fasse une estimation de cette nuisance ! Cela alors que nos finances publiques menacent ruine face à la remontée des taux d’intérêt dont l’impact va être violent sur les quelque 200 Md€ qu’emprunte l’Etat chaque année sur les marchés financiers. Encore conviendrait-il de connaître le rendement net de l’ISF. Net de charges de fonctionnement à la Direction générale des impôts, net d’honoraires de cabinets d’avocats pour les redevables, net de frais de contentieux...

En outre, après ces 35 années de taxe sur la fortune (excepté la courte parenthèse de 1987-1989), la « solidarité » a-t-elle progressé ? Les Français vivent-ils mieux ?

En réalité, dans notre pays déjà miné par le ras-le-bol fiscal et la culture de la triche, cet impôt passoire et inquisitorial a amplifié les doses de ces deux poisons qui sapent la confiance entre l’Etat et les Français. On a fait croire avec cette taxe que Robin des Bois est au pouvoir. Ce n’est qu’une légende !