L'Edito du mois - Octobre 2017

L'Edito de Jean-Denis Errard

Editeur de Gestion de Fortune
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Procrastination

Quand j’étais gamin, en revenant de l’école primaire de mon village, je m’arrêtais souvent chez une vieille crémière à qui je demandais un sucre d’orge et je lui disais invariablement : « maman passera payer ». Avec nos gouvernements successifs c’est la même rengaine. Ils nous promettent des gâteries fiscales et la crémière de Bercy susurre : « vos enfants passeront payer ». Les déficits et les dettes de l’Etat et des organismes publics s’enfoncent toujours plus. A force de creuser les déficits on va finir par trouver du pétrole !

L’idée du Premier ministre est de provoquer, nous dit-il, « un effet de souffle fiscal en faveur de l'investissement, de l'emploi et de la croissance » et de « donner confiance aux acteurs économiques, avec de la visibilité et des engagements précis » (Les Echos, 12 juillet). Selon lui, cette stratégie « aura un effet sur la croissance ». C’est ce qu’on appelle une sortie de crise par le haut. C’est sans doute la seule possible. Reste à espérer que l’embellie économique actuelle en France ne serve pas encore à entretenir cette illusion d’une « cagnotte fiscale » comme en 99-2000 !

L’intention n’est tout de même pas très claire, elle paraît plus velléitaire que volontaire. Sur le déficit le chef du gouvernement explique qu’il n’est « pas un fétichiste du chiffre ». Et la dette ? Elle « devra reculer de cinq points de PIB durant le quinquennat ». Pas sûr que cela suffise à convaincre les expatriés de revenir à la maison ! Dans son discours de politique générale, Edouard Philippe fustigeait « l’addiction française à la dépense publique », affirmant que cette tare « nécessitera de la volonté et du courage pour s’en désintoxiquer ». C’est là le problème, la France est méchamment shootée à la cocaïne de l’assistanat fiscal et social.
Le Premier ministre n’est pas foncièrement convaincant quand il évoque « le chemin assez clair » à suivre. Assez ou tout à fait clair ? Le Président non plus, quand il confie à la presse internationale, à Bucarest le 25 août, que « la France n'est pas un pays réformable… car les Français détestent les réformes ».

Les débats qui s’ouvrent sur le PLF seront révélateurs de la volonté du gouvernement d’engager le pays dans les réformes dont il a besoin, au risque de susciter le doute dans l’esprit des investisseurs et des entrepreneurs. Encore un pas en avant (11 Md€ de baisse de la pression fiscale annoncée pour 2018) et demain, deux pas en arrière ? Cette valse madoffienne qui fait porter à nos descendants les errements budgétaires donne le vertige.

Et si on dégraissait le mammouth, comme l’avait si bien dit Claude Allègre ! Finissons-en avec cette procrastination budgétaire qui reporte à demain les dépenses d’aujourd’hui.