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Gestion de Fortune - Avril 2021

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L'Edito de Jean-Denis Errard

 Murs et ponts

 Les notaires du Groupe Monassier – plus de 180 notaires et 750 collaborateurs, renforcés par un réseau de partenaires étrangers – viennent de s’associer au cabinet d’avocats parisien international BH & Associés. On n’est plus là dans l’échange de bons procédés, on est maintenant – ce sont leurs mots – dans « l’interprofessionnalité structurée », avec une holding de tête qui chapeaute les deux entités. Quelle révolution ! Que de chemin parcouru depuis cette conférence débat que j’avais organisée en 1992 avec le bâtonnier de Paris et le président du Conseil supérieur du notariat sous l’égide du ministère de la justice* ! L’expression « se regarder en chien de faïence » était alors tout à fait appropriée. Celle que les anglais utilisent – « to look daggers at each others » – l’était encore plus. L’idée de cette rencontre en avait offusqué plus d’un, mais j’avais aussi convié la Fédération des jeunes avocats (FNUJA) et le Mouvement Jeune Notariat qui, eux, trouvaient judicieux de se parler.

Aujourd’hui, trente ans plus tard, j’entends Me Arlette Darmon, présidente de Groupe Monassier, et Me Bruno Hické, fondateur de BH & Associés, déclarer que « par cette interprofessionnalité offensive », les deux entités associées vont développer « des synergies » avec des « offres nouvelles et originales ». Un rapprochement qu’ils justifient ainsi : « L’élaboration de stratégies patrimoniales privées à forte valeur ajoutée comme la structuration juridique et fiscale des entreprises requièrent plus que jamais un haut niveau d’expertise et de technicité ». « C’est tout un écosystème qui est porté vers l’avant avec ce projet enthousiasmant qui respecte l’indépendance des deux professions », commente Bruno Hické.

Je ne peux pas m’empêcher de penser que cette interprofessionnalité gagne à associer les femmes et hommes du chiffre parce qu’il manque à l’efficience d’un tel rapprochement de juristes une expertise « sonnante et trébuchante ». En somme, le contenu (l’entreprise, son dirigeant) et le contenant (les structures). Et les flux ? Ne manque-t-il pas la dynamique de la compétence financière ?

Une stratégie patrimoniale pour un chef d’entreprise ne se réduit pas à l’agilité juridique et fiscale et à l’habilité de décodage des comptes. Problème : il n’existe pas -à défaut d’ouverture légale- d’interprofessionnalité possible dans le conseil patrimonial entre les professions dites réglementées, encadrées par un ordre et rémunérées par des honoraires, et une activité de CGP. Quelle incongruité, non ?

Tous les jours des CGP sont en liaison sur des dossiers de clients avec des notaires, des avocats, des experts comptables ! N’y-a-t-il pas là un sujet d’évolution ? Peut-être dans trente ans ? Démentons Isaac Newton qui écrivit : « Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts ».

*débat organisé avec Jean-Claude Vuillemin, magistrat, sous-directeur des professions judiciaires et juridiques au ministère de la justice.