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Coronavirus : sang-froid de rigueur chez les CGP... et leurs clients

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Le plongeon des marchés financiers n’a pas entamé le sang-froid et le bon sens des CGP. Au quotidien, le coronavirus impacte finalement peu les cabinets... A l'exception de l'Anacofi contrainte de reporter sa convention.

Même après un lundi noir, chez les CGP, la panique, on ne connait pas ! « En 2008, c’était bien plus grave, explique ce CGP de la région parisienne que nous avons interrogé ce matin. Les marchés avaient chuté de plus de 40 % et depuis ils ont largement remonté ». Comme bon nombre de CGP, il en a vu d’autres ! Le krach d'octobre 1987, la crise de l'immobilier dans les années 90, ou encore la bulle internet de 2001... « Là, avec le coronavirus et la chute des prix du pétrole, ce n’est pas un problème de bulle !, poursuit-il en rajoutant : « De toutes façons, il ne faut surtout pas lâcher maintenant, sinon on ne saura jamais à quel moment rentrer de nouveau sur le marché ».

Mieux : pour lui, il faut même commencer à penser à se repositionner. Exemple avec l'action Total, en repli de 16,61% sur la seule journée de ce lundi 9 mars, mais qui est une belle valeur de rendement… D'ailleurs, ce mardi 10 mars, l'action entamait déjà une belle remontée. 

Des clients... qui n'appellent pas !

On l'aura compris, les CGP font preuve tout simplement de professionnalisme face à ce désordre boursier et économique causé par le coronavirus… d’autant que les clients n’appellent pas ! C'est ce que confirme Pascale Gloser du cabinet Sianne Patrimoine à Paris : elle nous confiait en fin de semaine dernière n’avoir reçu aucun appel de clients inquiets.

De son côté, Géraldine Métifeux, fondatrice du cabinet Alter Egale, livre son point de vue sur son site : « Nous ne savons pas si nous sommes sur une phase de capitulation des marchés ou si elle est devant nous. Néanmoins, nous serons présents pour proposer à ceux qui le souhaitent d'augmenter le risque de leurs allocations lorsque nous considérerons que les temps seront un peu moins troublés ». En ces temps de crise plus qu'à d'autres moments, on voit bien l’intérêt pour un client d’être accompagné et, le cas échéant, rassuré par un CGP. 

Quant à David Charlet, président de l'Anacofi, même s'il reconnait que « les clients des CGP sont plus éduqués que les autres », il reste plus mesuré : « Attention aux impacts sur le chiffre d'affaires si ça dure plus qu'une ou deux semaines. Cela ne sera pas forcément visible tout de suite car les CGP touchent leur rémunération sur l'encours de leur client de façon trimestrielle. Mais si cet encours baisse, leur chiffre d'affaires baissera en conséquence ». Autre danger : « le risque de blocage des investissements ». Il raconte comment un adhérent Anacofi a travaillé de longue date sur un projet d'investissement pour un client qui n'a finalement pris aucune décision.  

Télétravail et dématérialisation

Côté vie du cabinet, heureusement, le modèle du conseil patrimonial n’est pas touché. Les cabinets s’adaptent : un peu plus de télétravail, un peu plus de contacts au téléphone et la dématérialisation des contrats permet désormais de faire de nombreuses opérations à distance...

En cas de contamination, c'est au cas par cas. Un CGP nous raconte qu'une employée de son cabinet a dû être confinée chez elle car son père a été déclaré positif au coronavirus. Le cabinet a pris des mesures : ses collègues ont privilégié le télétravail et ce CGP qui doit accompagner son client chez le notaire évitera de passer par le cabinet avec lui... par pure précaution.

 L'AMF encourage le e-vote pour les AG des sociétés cotées 

Ce n’est pas le cas, en revanche, des rassemblements plus importants qui sont, eux, touchés. Ainsi, alors que la saison des assemblées générales des sociétés cotées commence, l’AMF encourage, via un communiqué du 6 mars, de développer le vote à distance… Une mesure de bon sens d’autant que les assemblées générales sont souvent prisées des retraités « petits porteurs ».

Côté réseaux bancaires, sauf dans les zones infectées, les 36 500 agences de l'Hexagone n’ont pas pris de mesure particulière à l'échelon national. Pourtant, les Français vont sans doute espacer leurs visites, dont le nombre est déjà de plus en plus réduit. Dans un post intitulé Le Covid-19 enterrera-t-il l'agence bancaire ? paru début mars sur son blog C'est pas mon idée, Patrice Bernard évoque notamment « la prise de conscience inévitable par les clients (…) de leur capacité à exécuter facilement toutes leurs opérations et à gérer à leur convenance l'ensemble de leur vie financière sans jamais avoir à se rendre dans une agence ».

La convention annuelle de l'Anacofi reportée à l'été

Enfin l’Anacofi a été contraint de reporter sa convention annuelle et les assemblées générales initialement prévues le 19 mars et qui devaient rassembler plus de 1 000 personnes. Comment les cabinets adhérents, l'association professionnelle fait preuve d'adaptation : e-vote à distance début avril pour les Assemblées générales et rendez-vous annuel qui devrait se tenir lors des Universités d’été début septembre. L'association invite même les « autres organisations de nos métiers [qui] seraient elles aussi obligées d’annuler leurs conventions ou évènements, (…) à se joindre à nous pour former une Université d’été amicale et de plus grande ampleur ». Une initiative positive et pragmatique à souligner.

Carole Molé-Genlis