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Cyrus s'associe avec Bridgepoint : Meyer Azogui s'explique

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Deux ans après avoir racheté au fonds d'investissement BlackFin les 34% du capital qu’il détenait, le groupe Cyrus annonce qu'un autre fonds, BridgePoint, entre à son capital. Pourquoi ? Son président Meyer Azogui dévoile ses raisons. 

« C’est un total concours de circonstances », fait remarquer Meyer Azogui, président du groupe Cyrus, un des acteurs majeur de la gestion de patrimoine en France. Le très récent départ de Christophe Mianné de Primonial et son arrivée chez Cyrus à la même fonction, comme directeur général (succédant à Raphaël Saier parti pour raison personnelle) est sans rapport avec l'opération.

De plus, les prises de participation de Bridgepoint dans l’un (28% chez Cyrus) et l’autre (35% chez Primonial) se sont faites au travers de deux fonds différents séparés par une « muraille de chine » entre les deux, commente Meyer Azogui qui précise : « il n’y a donc aucune velléité de rapprochement avec Primonial ». Il explique que cette opération était anticipée dès la fin 2017 lorsqu’a été décidé la reprise de 100% du capital par les salariés de la société et le rachat de la part de 34% de BlackFin. La prise de contrôle pendant deux ans avait pour objectif une relution des actionnaires salariés, mission accomplie puisqu’ils sont deux font plus nombreux aujourd’hui qu’ils ne l’étaient en 2017.

C’est donc chose faite, Bridgepoint prend 28 % par cession de titres (et non par augmentation de capital). En outre, Cyrus se voit doter par Ardian d’une belle ligne de trésorerie en capex, de façon à saisir les opportunités en croissance externe. « Nous recherchons prioritairement des cabinets ayant plus de 100 M€ d’encours (ou des fonds de commerce bancaire), finançable en cash mais également avec une possibilité d’échange de titres pour poursuivre l’aventure avec Cyrus », explique Meyer Azogui. Il constate qu’un important mouvement de consolidation est en cours dans l’univers de la gestion de patrimoine. Pour autant, « cette sévère correction des marchés financiers n’est pas forcément propice à la croissance externe actuellement », tempère-t-il.

Les dirigeants et salariés contrôlent 72% du capital

Cette prise de participation minoritaire de Bridgepoint confirme le modèle entrepreneurial de Cyrus, Meyer Azogui et ses équipes contrôlant 72% du capital. Le groupe reste donc largement indépendant, et du fait de sa taille s’en est donné les moyens. Sa stratégie reste de développer une marque forte en gestion privée, avec trois axes : la croissance organique, qu’il juge « solide parce que le nombre de millionnaires ne cesse de croître en France, le taux d’épargne est élevé, les banques se segmentent de plus en plus et souffrent des pesanteurs de la réglementation » ; la croissance externe, parce que le marché de la gestion privée devient de plus en plus capitalistique « beaucoup de cabinets n’ayant pas les moyens financiers de supporter la digitalisation et la réglementation » ; et enfin le développement d’une nouvelle activité : la distribution externe.

Elle sera essentiellement réalisée au travers d’Invest AM, la société de gestion du groupe « dont les performances sont remarquables depuis plusieurs années », précise-t-il, et Eternam, la filiale immobilière qui gère des club deals, des FPCI de value-ad ou « 150-0 b ter » dans le cadre du remplois… Alors que certains fonds ont sombré, remarquons que Invest Latitude Patrimoine résiste très bien (-2% depuis le 1er janvier à fin mars contre -9,4% pour sa catégorie des fonds flexibles et -24,3% pour la catégorie des fonds actions Europe, après une bonne performance en 2019 : +11,7% contre +7,6% pour la catégorie).

Jean-Denis Errard