Multiloc encourage la location de logements vacants à Paris

Ce partenariat public-privé exemplaire entre la FNAIM et la Marie de Paris vise à remettre sur le marché de la location des logements jusqu'ici vacants. Gilles Ricour de Bourgies, président de la FNAIM du Grand Paris, nous explique ce dispositif innovant lancé fin 2015.

Pouvez-vous nous décrire cette initiative Multiloc que la FNAIM a lancé avec la Mairie de Paris pour relancer l’investissement locatif ?
Gilles Ricour de Bourgies
: Le bail Multiloc, c'est d’abord le fruit d’un partenariat public-privé imaginé par la Mairie de Paris et validé après concertation avec les professionnels. C’est le contraire d'une politique d’oukases ! Nous, professionnels, recherchons des solutions pour offrir des loyers moins élevés aux Parisiens en replaçant sur le marché des logements jusqu'alors vacants. Madame la maire Anne Hidalgo s’est engagée dans cette démarche car elle souhaite contribuer à fournir aux Parisiens des logements dits intermédiaires, avec des montants de loyers entre le social et le secteur privé.

Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?
Vous détenez un studio, dont le loyer de référence est de 1 000 € qui a du mal à être loué car il nécessite des travaux et ne trouve pas preneur : à partir d’au moins un mois de vacance, votre gestionnaire de biens va pouvoir avec votre accord le proposer pour 800 € avec en compensation des primes pouvant atteindre 14 500 € selon les travaux réalisés, la durée de la vacance, l’étiquette énergétique et la garantie de loyers impayés. Pour parvenir à ces garanties, vous devez passer par l’entremise d’un administrateur de biens qui aura lui-même signé une convention avec la Mairie pour pouvoir bénéficier de ce bail Multiloc. Sont éligibles les locataires avec un plafond de ressources du type PLI, soit 3 469 € nets mensuels en 2015.

Cette solution est-elle envisageable ailleurs qu’à Paris ?
Toute ville devrait pouvoir en bénéficier et la FNAIM avait proposé dans ce sens un « bail solidaire » au gouvernement pour qu’il puisse être disponible au niveau national. Nous n’avons pas été entendus. Paris a donc été la seule ville bénéficiaire. Soyons justes : le budget de Paris et son milliard d'euros encaissé au titre des droits de mutation, associé à une réelle volonté politique, lui permet d’innover. Rien n’interdit pour autant à chaque commune d’étudier la faisabilité de Multiloc à l’échelle de ses capacités financières.

Sous quelle forme cette prime est-elle versée au bailleur ? Quels montants a-t-on prévu ?
Les primes forfaitaires vont de 3 500 à 14 500 € annuels. Elles s'appliquent aux locations nues ou meublées et sont adaptées aux studios, deux-pièces ou petits trois-pièces : pour des surfaces supérieures, le bailleur ne peut récupérer la baisse de 20% sur le loyer de référence par le simple jeu des aides de la Mairie.

A Paris, les studios et deux-pièces sont majoritaires, non ?
Oui, plus que majoritaires ! Ils constituent 72% de l'offre de logements dans la capitale.

Dans le contexte actuel, marqué par l'instabilité, le propriétaire ne court-il pas le risque d'accueillir un locataire susceptible de rencontrer des problèmes de solvabilité ?
Absolument pas car le bailleur choisit son locataire avec le concours de son gestionnaire. Il peut donc valider que son taux d’effort (rapport loyer/revenus) est conforme aux normes des assurances. Le montant du loyer ne doit pas dépasser un tiers des revenus du candidat à la location. Par ailleurs, un forfait annuel est prévu dans le dispositif Multiloc pour financer la garantie des loyers impayés prise par le bailleur pendant les trois années du bail.

Concernant la prise en charge des travaux, que prévoit Multiloc ?
Au-delà d’une prime forfaitaire de 2 000 € versée au bailleur à la signature du bail, en dehors de tous travaux, nous pouvons enclencher des travaux importants mais aussi de simples travaux d’embellissement. Certains appartements ne trouvent pas preneurs car tout simplement, ils sont sales : la pénurie de l’offre entraîne ce type de dérapage : faire l’économie d’une mise en peinture ou du changement de revêtement de sol. Les locataires exigent à juste titre un minimum de respect. Des relations saines entre locataire et gestionnaire ne peuvent débuter dans le mépris et garantiront un règlement régulier des loyers. Multiloc répond à cette exigence en prévoyant une somme pouvant aller jusqu’à 3 000 € de travaux d’embellissement, réalisables même en cours de bail, en plus du plafond des 8 000 € pour des travaux engagés avant l’entrée du locataire. Ce partenariat-public privé entre la Mairie de Paris et les administrateurs de biens va donc permettre à bon nombre de petits logements vacants à Paris d’être à nouveau loués dans des conditions abordables et convenables. Voici une manière concrète de répondre à l’attente de nos concitoyens en matière de logement sans stigmatiser les investisseurs... dont on a tant besoin !