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Gestion d’actifs : quelles tendances en 2019 ? (étude Deloitte)

Selon l'étude Asset Management Trends 2019 de Deloitte, les sociétés de gestion vont désormais voir leurs collectes dirigées par le retail et l’investissement responsable.

Pascal Koenig, associé chez Deloitte et responsable du secteur asset management, se dit convaincu que l’avenir des gestionnaires passe par leur adaptation au nouveau contexte de marché retail, soutenu par la loi Pacte et les attentes en matière d’investissement responsable. C’est le principal enseignement de l’étude Asset Management Trends 2019 que le cabinet vient de publier. 

« Lancées dans leur transformation relative au changement de cible de clientèle, fait observer Pascal Koenig, les sociétés de gestion ont été coupées dans leur élan par un 4e trimestre boursier 2018 déplorable, qui augure un chiffre d’affaires en berne et des capacités d’investissement réduites. La prise de conscience de la bascule retail nécessite de revoir les gammes, avec des produits plus lisibles et "aspirationnels" [porteurs de sens], en phase avec les attentes des épargnants individuels. Les sociétés de gestion doivent également engager une revue complète des processus de fabrication, des modes de distribution et des processus de gestion. »

Une adoption lente

Pour les spécialistes de Deloitte, alors que se profilent de nouvelles pressions sur les prix de vente, l’urgence est à l’efficacité opérationnelle. Celle-ci doit couvrir toutes les activités et, particulièrement, les départements dont les coûts ont explosé à la suite de la « sur-réglementation ». L’innovation ne doit plus être considérée comme une tendance à suivre ou un facteur de différenciation, mais comme un vecteur de croissance et de rentabilité. Elle doit permettre de générer des revenus à court terme pour dégager les marges d’investissement nécessaires à la « capture » de la clientèle retail.

« L’investissement responsable (IR), insiste Pascal Koenig, a sans conteste été au cœur des débats 2018. Plus que des critères d’investissement, de sélection de fonds ou de mesure de l’impact, l’année 2019 devra permettre aux sociétés de gestion d’affirmer une stratégie globale sur ce thème. »

L’étude de Deloitte révèle également que, malgré l’intérêt que l’IR suscite, son adoption par les investisseurs particuliers reste lente, du fait d’une image historique, non justifiée, de renonciation à la performance. On pourrait aussi supposer que les particuliers ne sont pas très sensibilisés à l’extra-financier parce ce qu’ils ne savent pas vraiment de quoi il s’agit et non pas parce qu’ils auraient un a priori sur un prétendu différentiel de performance. En tout cas, les sociétés de gestion rencontrent des difficultés à passer d’un modèle intégrant les critères ESG dans leurs processus à un modèle de marque responsable et durable différencié.

Rappelons que, dans leur grande majorité (85 %), les Français jugent les marchés d’épargne complexes à analyser, que 45 % d’entre eux préfèrent un rendement très faible à la prise de risque et que 37 % des particuliers placent la sécurité comme le critère le plus important de choix, devant le rendement ou la disponibilité. Résultat : 400 Md€ en épargne réglementée !

Michel Lemosof