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Allocation d'actifs : les pistes de BlackRock à suivre pour fin 2020

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Le BlackRock Investment Institut a présenté ses perspectives mondiales d’investissement pour la deuxième partie de l’année 2020. Ses pistes à suivre…

Le choc associé à la crise sanitaire du coronavirus modifie le paysage de l’investissement. Selon le BlackRock Investment Institute (BII), les investisseurs doivent revoir leur stratégie d’allocation d’actifs autour de trois thèmes : reprise de l’activité, révolution macroéconomique, recherche de résilience.

Surveiller la mobilité

Paralysantes, la pandémie et les mesures de confinement ont provoqué un choc pour l’économie. « La contraction à court terme, soulignent les experts du BII, est la pire depuis la Grande Dépression et bien plus profonde que la crise financière mondiale. Toutefois, le déficit cumulé du PIB causé par cette crise ne devrait être équivalent qu’à une fraction de celui créé par la crise financière. Alors qu’en 2008, la crise avait représenté une perte de 50 % du PIB mondial de 2007, l’impact mondial lié à la pandémie serait de l’ordre de 10 % à 15 % du PIB de 2019. » 

La crise actuelle ne se traduit pas par un ralentissement traditionnel ni par une reprise du cycle classique. C’est pourquoi les marchés ont pu « voir au-delà » de la contraction sans précédent et commencé à se redresser bien avant tout signe de reprise de l’activité. Si les données du mois de mai suggèrent que le pire de la contraction se trouve derrière nous, la reprise économique, estiment les spécialistes du BII, devrait être « en dents de scie » dans les mois à venir.

La nature de la reprise économique sera fonction de la trajectoire de l’épidémie, de l’efficacité des mesures exceptionnelles mises en place par les autorités et de l’évolution « potentielle » des comportements des consommateurs et des entreprises. La sortie de la crise dépendra de la capacité d’atteindre un équilibre entre relance économique et endiguement de l’épidémie.

« A cet égard, ajoutent les professionnels, il est intéressant d’observer la corrélation entre les mesures de confinement, l’évolution de la mobilité et des déplacements des personnes et la reprise progressive de l’activité. L’analyse démontre que la mobilité des personnes est plus étroitement corrélée à l’activité économique qu’à la sévérité des mesures de confinement. »

Les investisseurs doivent donc surveiller de près les données concernant la mobilité des personnes afin d’anticiper les impacts économiques. BlackRock adopte une position « modérément pro-risque », en surpondérant les obligations d’entreprises. Le gestionnaire surpondère les actions européennes, l’Europe étant « favorablement exposée » à une hausse cyclique du redémarrage de l’activité, sur fond de mesures de santé publiques « solides » et d’une réponse politique et budgétaire « encourageante ».

Chercher des leviers

La réponse politique et budgétaire inédite générée par la crise du Covid-19 était « nécessaire » afin d’atténuer les effets « dévastateurs et déflationnistes » du choc pandémique. Cela dit, à moyen terme, le « flou maintenant entretenu » entre politique monétaire et politique budgétaire pourrait « faire grimper » les risques d’inflation. La Réserve fédérale américaine a pris des mesures d’exception pour aider l’économie nationale à surmonter le traumatisme du coronavirus et pour assurer le bon fonctionnement des marchés. Elle s’est cependant abstenue jusqu’à présent de s’engager à contrôler directement la courbe des rendements.

« Son bilan, commentent les experts du BII, pourrait plus que doubler, dépassant les 10 000 Md$ d’ici à la fin de l’année, et ce afin de soutenir la relance budgétaire décidée en parallèle. Le Trésor américain a intégré un plan d’emprunt de 3 000 Md$ à son refinancement trimestriel, afin de disposer des fonds nécessaires pour cette relance. La riposte enclenchée aux Etats-Unis pourrait toutefois s’essouffler. Un nouveau cycle de relance paraît aujourd’hui difficilement envisageable car, après une courte période d’union nationale, le paysage politique américain s’est à nouveau polarisé. »


A contrario, les spécialistes du BII sont confiants dans la réponse apportée par l’Europe. Leur analyse démontre que l’ampleur des mesures décidées dans cette région du monde, conjuguée à un nouveau soutien monétaire, est « largement suffisante » pour compenser la perte de revenu globale au niveau de la zone euro.

Le risque : un « insuccès relatif » des mesures annoncées. D’après eux, il est essentiel que la coordination des politiques soit assortie de « garde-fous adéquats ». BlackRock sous-pondère les emprunts d’Etat « nominaux » et privilégie les obligations indexées sur l’inflation. Sur une base tactique, le gestionnaire se déclare néanmoins favorable aux obligations, du fait des achats des banques centrales. Il estime en outre que les actions américaines pourraient pâtir d’un essoufflement de la relance budgétaire.

La crise du Covid-19 accélère les tendances structurelles de fond qui vont changer la nature de la diversification des portefeuilles. Les pays, les secteurs et les entreprises devraient redevenir des « leviers de diversification » dans un environnement « toujours plus fragmenté », offrant ainsi une plus grande résilience face aux tendances de l’économie réelle.

Pour les professionnels, la résilience des portefeuilles ne peut pas s’appuyer sur la seule diversification entre grandes classes d’actifs. Les investisseurs devraient selon eux envisager des sources de performance alternatives qui pourront assurer une diversification convenable. BlackRock privilégie les actifs durables, les marchés privés, une diversification axée sur les pays et, tactiquement », le facteur « qualité ».

ML