GESTION DE FORTUNE - Le Magazine de la Gestion Privée

Investissement durable : l’analyse de DPAM sur les perspectives 2021

isr croissance

Selon Ophélie Mortier, stratège en charge de l’investissement durable et responsable chez DPAM, la dynamique ESG positive observée l’an dernier devrait se poursuivre cette année.

En ce qui concerne les actifs sous gestion et la collecte, mais aussi en termes d’avancées de la réglementation internationale, les investissements ESG et durables ont connu une année « incroyable » en 2020. C’est ce que souligne Ophélie Mortier, stratège en charge de l’investissement responsable et durable chez Degroof Petercam Asset Management. « Cette dynamique ESG positive, estime-t-elle, devrait se poursuivre en 2021, avec tous les risques et toutes les opportunités que cela implique. »

Une résilience additionnelle

Les fonds labellisés ont enregistré un courant de souscriptions sur l’ensemble de l’année dernière, y compris en février et en mars. Selon les données de Morningstar, les actifs des fonds durables ont atteint en Europe le seuil symbolique de 1.000 Md$ en cours d’exercice. « Qui plus est, commente Ophélie Mortier, plusieurs études ont démontré la résilience additionnelle qu’ont apportée les facteurs ESG durant cette année volatile. Les controverses liées aux questions ESG, qui s’avèrent longues et coûteuses, ont été de plus en plus suivies. Plus l’accent est mis sur la durabilité, plus le risque de réputation est élevé. »

La prolifération des taxonomies uniques et locales et l’absence de normes et de définitions internationales ne représentent pourtant pas une avancée. Trop de réglementation risque même d’entraver la dynamique de l’ESG. Une sous-performance pourrait aussi freiner l’enthousiasme général. Au cours des dernières années, les entreprises « durables » ont connu une « spectaculaire » expansion de leurs multiples (ratios cours/bénéfice, valeur d’entreprise/Ebitda, valeur entreprise/ventes…). Ce qui peut largement s’expliquer par une ruée « tardive » vers les émetteurs « verts ». Mais la préférence pour les entreprises et les investissements plus écologiques devrait encore s’accentuer.

Tout le monde se réveille !

« Les investissements ESG, continue la spécialiste, ne concernent plus seulement les entreprises et les investisseurs européens. Ils sont devenus une priorité mondiale. La plupart des principaux marchés de la région APAC (Chine, Hong-Kong, Japon, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande, Singapour) se sont engagés à réglementer les questions ESG. La réglementation n’a pas seulement trait au changement climatique, mais aussi à la consolidation de l’écosystème financier pour les investissements ESG. »

Un réseau de 75 banques centrales et autorités de régulation a déjà officiellement reconnu le changement climatique comme un risque financier systémique. Aux Etats-Unis, il faut s’attendre à ce que la nouvelle administration favorise la finance durable. Au Brésil, des normes d’évaluation et de publication obligatoires pourraient être adoptées dans la ligne des recommandations de The Task Force on Climate-related Financial Disclosures. Si l’Europe reste leader en matière de réglementations et de politiques ESG, toutes les régions du monde se sont réveillées.

« Depuis plusieurs années, fait encore observer Ophélie Mortier, nous signalons les émissions record d’obligations vertes. L’année 2021 ne fera pas exception, même si elle sera probablement marquée par une diversification vers les obligations sociales et durables. » En Europe, elle prévoit entre 75 Md€ et 100 Md€ d’obligations d’entreprises labellisées, soit au moins 60 % de plus qu’en 2020. Comme la décarbonisation mondiale nécessite 150.000 Md$, les émissions de « green bonds » ne vont pas ralentir !

 

ML