GESTION DE FORTUNE - Le Magazine de la Gestion Privée

Accompagner la transformation numérique

Jonathan Curtis

Interview de Jonathan Curtis, Gérant du fonds FTIF - Franklin Technology Fund.

Vous gérez le fonds FTIF - Franklin Technology Fund. Quelles sont ses principales caractéristiques ?

Il s’agit d’un fonds investi en actions mondiales du secteur de la technologie et plus spécifiquement des acteurs qui vont bénéficier du déploiement, de l’innovation et de l’emploi des différents services et équipements des domaines des technologies et des communications. Créé en avril 2000, c’est à dire à l’aube de la bulle des valeurs Internet, ce fonds, dont l’encours global avoisine 9,5 milliards de dollars, bénéficie d’un historique de plus de 20 ans et de l’expérience de nos équipes. Depuis le 29 septembre 2017, nous avons changé notre indice de référence qui est désormais l’indice MSCI World Information Technology.

Comment est structurée l’équipe de gestion ?

Je suis le gérant principal du fonds et je suis assisté par une douzaine d’analystes spécialisés dans les divers secteurs de la technologie et des services de communications. Nous sommes basés en Californie, au cœur de la Silicon Valley, où se trouvent non seulement les plus grandes entreprises technologiques du monde, mais aussi des centaines de nouvelles entreprises publiques et privées.

Quel est le profil des valeurs que vous sélectionnez ?

Notre objectif est d’identifier les entreprises de qualité du secteur de la technologie dans le monde entier pour ensuite capitaliser sur les opportunités d’investissement offertes par la transformation numérique. Celle-ci est incontestablement le principal moteur de performance du secteur. Nous appréhendons la qualité d’une entreprise principalement par le biais de son management, par celui de sa croissance actuelle ou à venir avant de nous attarder sur ses niveaux de valorisation.

En quoi la transformation numérique est-elle centrale dans votre stratégie ?

De l’automatisation des processus au Big Data, la digitalisation façonne aussi profondément que rapidement notre monde, nos économies. C’est un véritable cercle vertueux qui s’est mis en place pour le secteur : la technologie alimente les innovations de rupture, rationalise des processus obsolètes et, on le voit avec l’émergence de nombreux nouveaux acteurs, ouvre de nouveaux champs d’opportunités. Au-delà des éléments fondamentaux de stratégie d’entreprise ou de marchés concurrentiels, on observe qu’au cours des dernières décennies, les évolutions technologiques avaient déjà considérablement bouleversé notre façon de vivre. La crise sanitaire récente a conforté cette dynamique.

Comment avez-vous appréhendé cette crise ?

Nous pensons que la crise de la COVID-19 a accéléré le processus de transformation digitale alors que le rythme de l’innovation ne cesse de s’accélérer. Contraints de s’adapter, les acteurs économiques ont dû déployer des trésors d’ingéniosité pour compenser, le cas échéant, les pertes de productivité consécutives, pour certains, aux arrêts de travail et, pour d’autres, à la mise en place du télétravail. Au niveau familial également, nous avons tous dû nous adapter, nous équiper avec de nouveaux terminaux, smartphones, tablettes ou ordinateurs. Nous avons aussi dû nous former, ainsi que notre entourage, à l’utilisation de nouveaux logiciels. Cette digitalisation à marche forcée s’est également opérée dans le domaine des services, par exemple bancaires, dans celui de l’administration mais aussi dans celui des soins avec le développement de la télémédecine.

Croyez-vous que cette tendance se maintiendra une fois la menace sanitaire éloignée ?

Indéniablement, les prochaines décennies seront marquées par une croissance encore plus forte des technologies, des outils et des services du digital. Les technologies de l’information ont d’ailleurs affiché la meilleure progression boursière sectorielle pendant la crise, preuve que les investisseurs sont confiants dans la pérennité de la dynamique en cours. J’ai la conviction qu’ils ont raison : les gains de productivité obtenus par les entreprises et le confort gagné par les individus sont trop conséquents pour envisager un retour en arrière. Le secteur reste donc prometteur même si les valeurs qui le composent peuvent ponctuellement être soumises à des pics de volatilité, de nombreuses habitudes sont désormais ancrées. Ce serait manquer de clairvoyance de se détourner de ce secteur.

Dans quels domaines identifiez-vous aujourd’hui de nouvelles opportunités d’investissement ?

Afin de capitaliser sur tous les axes de croissance, nous avons identifié un certain nombre de sous-thèmes au sein desquels nous sélectionnons les meilleures idées d’investissement. Notre démarche consiste à bien comprendre chaque business model afin de conforter nos convictions. C’est ainsi qu’il nous a été possible de prendre des positions dans des valeurs telles que Servicenow qui était en déficit lorsque nous l’avons acheté il y a 8 ans et qui affiche aujourd’hui une marge voisine de 30 % et des niveaux de croissance significatifs. Une analyse financière classique nous aurait dissuadé de l’acheter. Même chose avec l’action Amazon dont le cours a été multiplié par 30 depuis que nous l’avons mise en portefeuille il y a 13 ans.

Quels sont les sous-thèmes que vous avez identifiés ?

On peut mentionner l’intelligence artificielle, qui permet d’analyser les données à l’aide de processus informatiques automatisés à l’échelle de l’entreprise ; le cloud computing qui aide les entreprises à mettre à l’échelle leurs activités digitales au niveau mondial et à bas coûts ; la fintech, qui est la clé de la croissance du nouveau commerce en permettant les transactions numériques ; les objets connectés et l’internet des objets (IoT) qui offrent une riche source de données sur les clients et les processus commerciaux ; le e-commerce bien sûr qui connecte acheteurs et vendeurs, quelle que soit la distance qui les sépare et enfin les technologies médicales qui offrent aux patients de nouvelles options de traitement et des progrès importants dans le suivi des soins apportés. S’ajoutent encore à tout cela, la cybersécurité, le vaste champ des SAAS (software as a service), le travail collaboratif ou encore la publicité numérique.

Combien avez-vous de lignes dans le portefeuille ?

Le portefeuille est composé d’environ 90 titres. A peu près 70 concernent des valeurs cotées en bourse et représentent 95 % environ de l’encours que nous gérons. Les 5 % restants sont composés de valeurs non cotées, une vingtaine, que nous considérons comme particulièrement prometteuses et qui permettent de découvrir en amont les métiers sur lesquels elles opèrent. Nous initions ainsi avec elles une relation qui promet de durer dans le temps.

TB