05102024

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Actualité des sociétés

[Tribune] Investir dans l'art : quels intérêts pour les non connaisseurs ?


François Carbone cr. Gregory CopitetLongtemps perçu comme une chasse gardée d’initiés, l'investissement dans l'art offre des opportunités insoupçonnées pour un public plus large. En plus d'apporter une diversification bienvenue dans un portefeuille, l'art se révèle être un refuge contre l'inflation et la volatilité des marchés financiers.

 

 

 

 

  

Longtemps perçu comme une chasse gardée d’initiés, l'investissement dans l'art offre des opportunités insoupçonnées pour un public plus large. En plus d'apporter une diversification bienvenue dans un portefeuille, l'art se révèle être un refuge contre l'inflation et la volatilité des marchés financiers.

Depuis les années 1960, avec l’avènement des grandes sociétés de vente aux enchères puis l’accessibilité accrue aux résultats des ventes publiques dans les années 1990, il est possible de mesurer précisément le volume, la valeur et la performance des échanges réalisés faisant de l’art une classe d’actifs à part entière.

Outre sa contribution à la préservation du patrimoine historique, artistique et culturel, l’investissement dans l’art offre des opportunités de diversifier son patrimoine avec des potentiels de bénéfices souvent supérieurs à ceux des marchés financiers traditionnels.

Les œuvres d’artistes institutionnels reconnus ont effectivement démontré leur capacité à s’apprécier sur le long terme. Par exemple, le marché de l'art d’artistes majeurs du XXème siècle, a généré des rendements annuels moyens de 10,7 % au cours des 20 dernières années (1), surpassant de nombreux indices boursiers comme le S&P 500, particulièrement en période d'incertitudes économiques.

Matis

Bouclier face à la volatilité des marchés financiers

Contrairement aux actions et autres placements financiers, les œuvres d'art ont tendance à bien tenir leur valeur même en période de turbulences économiques. Même l’immobilier, valeur refuge par excellence, s’est retrouvé fortement chahuté par les différentes crises sanitaire, géopolitique, énergétique et inflationniste des dernières années.

Or, les statistiques du marché montrent que, malgré les fluctuations économiques globales, le chiffre d'affaires du marché de l'art reste relativement stable depuis 20 ans, oscillant entre 50 et 70 Md$ par an (1). Même après la pandémie de Covid-19, les ventes en ligne ont augmenté de 720 %, illustrant la résilience et l'adaptabilité de ce marché de la rareté. Cette robustesse attire de plus en plus d'investisseurs, notamment les ultra high net worth individuals (UHNWI), dont le nombre a doublé entre 2010 et 2021 (1), ce qui a amplifié la demande et les prix des œuvres d'art.

Un marché difficilement accessible…

Cependant, le marché de l’art est difficilement accessible pour des investisseurs privés n’ayant pas l’expertise et le réseau. Ainsi, pour accéder à cette typologie d’investissement, il est crucial de trouver la bonne structure et les accès appropriés.

Plusieurs intermédiaires experts proposent des solutions d’investissement aux non-initiés. Les fonds d'investissement dans l'art offrent aux collectionneurs la possibilité de posséder des parts de plusieurs œuvres d’art sans les contraintes de gestion directe. Un gestionnaire prend en charge toutes les opérations, de l'acquisition à la conservation, en passant par la revente des œuvres.

Ce type d’investissement est similaire aux fonds communs de placement (FCP), avec un ticket d’entrée au-delà de 100 K€, permettant aux investisseurs de détenir une part d'un portefeuille diversifié d'œuvres d'art et ainsi de réduire les risques en investissant dans plusieurs pièces d’art.

… Sauf en investissement fractionné

L'investissement fractionné représente une autre approche, en permettant là aussi d'acheter des parts d'une œuvre d'art plutôt que l'œuvre entière via des club deals en choisissant soi-même les œuvres et le niveau de diversification souhaité. Des plateformes spécialisées facilitent ces transactions, offrant une transparence et leur expertise. Elles permettent d'investir dans des œuvres d’art d’envergure internationale dépassant bien souvent le million d’euros. Les galeries assurent ensuite leur commercialisation en circuit privé jusqu’à leur revente, généralement dans un horizon d’investissement d’environ deux ans.

Pour finir, grâce à la blockchain, l’investissement dans l’art s’est ouvert à un nouveau marché, celui des jetons non-fongibles (NFT). Ces dernières années, ce marché a suscité un engouement très fort de la part des investisseurs, mais pas toujours justifié. En effet, certains collectionneurs ont acquis des œuvres d’art numériques en se concentrant énormément sur la valeur de certificat numérique que représentent les NFT. Il est essentiel de rappeler qu’un NFT est avant tout un titre d’authenticité intégré dans la blockchain, et non l’œuvre d’art elle-même.

(1) The Art Basel & UBS Art Market Report 2024

(2) L’Artprice100® est un indice développé par la société Artprice, qui a pour mission d’observer et de quantifier la prise de valeur du Marché de l’Art en se concentrant sur sa partie la plus stable. La composition de l’Artprice100® est ajustée par un conseil scientifique au 1er janvier afin de refléter l’évolution progressive du Marché de l’Art. Les 100 artistes les plus performants aux enchères sur les cinq années précédentes, et qui répondent à un critère essentiel de liquidité (au moins dix œuvres homogènes vendues chaque année), sont identifiés pour constituer un portefeuille représentatif. Le poids de chaque artiste est proportionnel au produit de ventes de chacun sur la période concernée.