Immobilier

Crédits immobiliers : il faut s'attendre à une période de flottement (étude CNCEF)

Si l'activité des courtiers en crédits s'est brusquement arrêtée depuis le confinement, ils auront tout leur rôle à jouer dans l'après-crise sanitaire, à la fois pour les prêts aux entreprises et les crédits immobiliers, selon la CNCEF Crédit.

Mi-mars 2020, le confinement a touché de plein fouet les courtiers en crédit avec une activité qui s’est soudainement arrêtée : « L’activité a fait comme un ‘on-off’ », résume bien Christelle Molin-Mabille, présidente de la CNCEF Crédit, une des associations professionnelles d’intermédiaires en crédit, qui organisait ce 30 avril 2020 une conférence de presse vidéo.

Elle présentait notamment un sondage envoyé le 21 avril 2020 à ses adhérents sur l’impact de la crise sanitaire : ainsi, 25% estiment qu’ils rencontreront des problèmes de trésorerie dans six mois. Autre enseignement : 59% pensent que la crise actuelle va entrainer une baisse de leur chiffre d’affaires de plus de 20%. A noter que la CNCEF Crédit regroupe plutôt des petites structures : 55% réalisent moins de 100 000 € de chiffre d’affaires (et 19% plus de 300 000 €).

Une reprise de l'activité... plutôt à la rentrée

Quant à la reprise de leur activité, 22% des courtiers en crédit qui ont répondu estiment qu’elle aura lieu cet été et 37% à la rentrée. Mais 47% sont peu optimistes sur cette reprise.

Rappelons que les courtiers en crédit sont rémunérés soit via des honoraires au client, soit via un pourcentage plafonné du montant du crédit commissionné par les banques (ou une combinaison des deux). Habituellement, les banques règlent leur rétrocommission sous 60 jours en moyenne. 

L’activité des courtiers a donc largement diminué, notamment parce que le circuit s’est grippé : l’enquête nous apprend qu’ils ne travaillent plus en ce moment qu’avec une à cinq banques, contre 10 à 15 partenaires bancaires habituellement. Malgré tout, la présidente de la CNCEF Crédit a tenu à saluer leurs partenaires bancaires, eux aussi en télétravail et largement mobilisés par le crédit aux entreprises.

Un rôle à jouer dans les prochains mois sur les crédits pro.

« Nous n’intervenons pas dans les dossiers de prêts garantis de l’Etat », précise Antoine Pacan, administrateur de la CNCEF Crédit. « Mais il faudra jouer notre rôle dans quelques mois car le PGE n’est qu’une première étape. Il faudra se mettre autour de la table avec les partenaires bancaires et les clients professionnels ou entreprises par exemple pour rééchelonner les dettes ». Dans l’après-crise sanitaire, les courtiers en crédit professionnels ou immobiliers auront tout leur rôle à jouer et « devront se réinventer », selon Christelle Molin-Mabille. 

Crédits immo : s'attendre à une période de flottement 

Si aujourd’hui les banques ont freiné la demande de crédits immobiliers, notamment en augmentant leur barème de taux, celle-ci devrait redémarrer : « Il va forcément y avoir une période de flottement », analyse Christelle Molin-Mabille. De la part des particuliers qui vont peut-être réviser leur projet immobilier, leur ambition comme par exemple se tourner plutôt vers une résidence secondaire qu’un appartement parisien hors de prix. Mais « avoir un toit au-dessus de la tête restera fondamental », rajoute Antoine Pacan. 

De leur côté, les banques auront peut-être un problème de fonds propres et seront, par conséquent, plus exigeantes : « Les financements sans apport personnel déjà compliqués vont être très difficiles », de même que ceux pour les candidats au crédit « précaires » (CDD, indépendants, autoentrepreneurs). Mais un CDI ne suffira peut-être plus. Par exemple, « la banque ira peut-être regarder comment l’employeur a traversé la crise », imagine Christelle Molin-Mabille. Une nouvelle ère qui se dessine. 

Carole Molé-Genlis