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Gestion de Fortune - Décembre 2021

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L'Edito de Jean-Denis Errard

 Ruissellement

 Un rapport publié par France Stratégie, l’organisme d’évaluation et de prospective rattaché à Matignon, vient d’affirmer que les réformes fiscales, à commencer par la suppression de l’ISF et son remplacement par un impôt de fortune immobilière n’ont pas eu d’effet sur l’investissement productif (période 2018-2020). La flat tax n’aurait pas eu, elle aussi, l’impact prévu en favorisant plutôt le versement de dividendes. Bref, cette idée de « ruissellement » chère au Chef de l’Etat – favoriser fiscalement les plus aisés permettrait de ragaillardir toutes les couches de la population – n’aurait pas été une réussite.

Ces experts déclarent que : « l’observation des grandes variables écono- miques – croissance, investissement, flux de placements financiers des ménages... –, avant et après les réformes, ne suffit pas pour conclure sur l’effet réel de ces réformes. En particulier, il ne sera pas possible d’estimer par ce seul moyen si la suppression de l’ISF a permis une réorientation de l’épargne des contribuables concernés vers le financement des entreprises ». Ce rapport sous-entend que, « avant ou après », donc ISF ou pas, on s’en porterait tout aussi bien.

Me vient à l’esprit ce dessin de Dubout, grand contempteur de l’administration fiscale, montrant un homme se faisant matraquer sur la tête par une lourde massue. Evidemment, se faire assommer par 75 % de taxes sur le fruit de son labeur ne porte pas à l’envie d’entreprendre, mais plutôt à celle de fuir (d’où le surnom « Incitation à Sortir de France »). Que ce supplice cesse et il est alors évident que cet homme sera dans de meilleures dispositions ! France Stratégie, telle sœur Anne affirme ne rien voir venir à l’horizon. Mais tout n’est pas dans les statistiques ! Il est patent que l’image de la France à l’étranger s’est améliorée comme le montre le flux des investissements étrangers en France (cf. le baromètre du cabinet d’audit EY). L’essor du financement en private equity1 et l’avènement d’une vingtaine de « licornes » montrent aussi que le réveil économique a commencé. La nette et forte régression du chômage n’est pas truquée mais structurelle. La fuite des capitaux s’est inversée, les impatriations fiscales ont pris le dessus sur les expatriations.

Le retour à la confiance ne se fait pas en un clin d’oeil après des décennies de matraquage fiscal et réglementaire. Mais si France Stratégie suggère – en creux – que le retour à l’ISF et à la taxation des dividendes seraient indolores, ses experts feraient bien de lever les yeux de leurs catalogues de statistiques ! La seule issue pour que notre pays supporte ses Himalaya de déficits et de dettes est bien d’encourager les Français à prendre des initiatives et à créer des richesses. Si le ruissellement n’est pas mécaniquement, automatiquement, démontré, en économie (comme en agriculture), par contre le « stress hydrique », autrement dit la surdose fiscale, a largement fait la preuve des dégâts !

1. Selon la 35e édition de l’étude de France Invest, les levées de fonds ont atteint 18,4 Md€ au cours des six premiers mois de l’année, en très forte progression.