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Gestion de Fortune n° 351 - Novembre 2023- Numérique (feuilleteuse)

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L'Edito de Jean-Baptiste Marcy

Dégraisser le mammouth

Cette formule prononcée par un de nos anciens ministres de l’Education Nationale avait, en son temps, fait pousser des cris d’orfraie par les acteurs de l’époque. Quelles seraient les conséquences si nous appliquions cette expression à l’assurance vie ? Rappelons que ce placement représente un tiers du patrimoine financier des Français, avec un encours de 1 885 milliards d’euros fin 2022 (Source ACPR/ Banque de France). Il est vrai que cette pièce maîtresse dans la constitution d’un patrimoine est séduisante (défiscalisation après huit ans, transmission d’un capital hors succession). Le pendant de ces avantages est peut-être aussi une indolence des épargnants à regarder plus en détail les frais de ces contrats d’assurance vie.

La question de la lisibilité des frais a pourtant fait l'objet, ces dernières années, d'exigences réglementaires renforcées dans le cadre des directives européennes, mais cela n'en exige pas moins de l’épargnant un réel travail de lecture et de compréhension des différentes couches de frais que supporte son contrat. Dans les années 80, les assureurs réclamaient 5 % de frais d’entrée sur les souscriptions et frais de versements sans provoquer une indignation particulière auprès des épargnants. À dire vrai, ces sommes placées sur du fonds euro rapportaient allègrement entre 4 et 5 % sans risque chaque année. Ensuite, de nouveaux entrants ont bousculé la hiérarchie en place en proposant 0 % de frais d’entrée, qui plus est dans une période où les rendements des fonds euro subissaient la baisse des taux des emprunts d’État et fondaient comme neige au soleil. Ces nouveaux contrats affichés comme des têtes de gondole ont malgré eux éclipsé les frais plus ou moins cachés des contrats d’assurance vie. Cependant, critiquer le montant de ces frais ne veut pas dire vouloir les supprimer. Le conseil, la distribution, le traitement administratif du contrat, la gestion des capitaux sont des tâches incombant à l’assureur et qui doivent être payées.

Qui peut se targuer d’avoir réalisé cet exercice fastidieux ? A savoir additionner les frais d’entrée, les frais de gestion sur le support en euros, les frais de gestion sur les unités de compte, ceux relatifs aux commissions de surperformances […]. La liste est longue et non exhaustive, bienheureux l’inventeur des points de suspension entre crochets qui signalent que l'on a raccourci une phrase !

Les contestations sur le « mille-feuille » de frais propres à l’assurance vie sont plutôt récurrentes, et cette fois-ci, il faut regarder du côté des réseaux sociaux professionnels (LinkedIn), où des CGP et professionnels de la finance alertent sur certains contrats détenus par des clients ou prospects, et qui contiennent un niveau de frais exagéré selon leurs analyses. Ces professionnels bénéficient d’un audimat grandissant et utilisent ce canal de communication avec un agrégat de commentaires qualitatifs qui enrichissent le débat.

Oui, il y a à redire lorsque l'on voit le niveau de certains frais de gestion totalement excessifs, mais attention de ne pas jeter de l'huile sur le feu au risque de déstabiliser ce produit star.