L'Edito du mois - Avril 2019

 

L'Edito de Jean-Denis Errard

Rédacteur en chef de Gestion de Fortune
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Le conseil a de l’avenir

Le sociologue Zygmunt Bauman appelle cela la « rétrotopie ». C’est la nostalgie du « bon vieux temps », avec ces répliques du style « Ah ! De mon temps... » laissant entendre que l’évolution de la société nous embarquerait de Charybde en Scylla, de régression en régression. Cette espèce de morbidité décliniste est assez curieuse, comme bien des grands écrivains des siècles passés n’ont pas manqué de la railler. En matière d’épargne, c’est largement l’inverse qui se justifie !

Il y a quarante ans, le sort des épargnants était-il plus enviable ? La Commission des opérations de bourse (COB) n’avait qu’une dizaine d’années et ses pouvoirs étaient extrêmement restreints. Devenue AMF, avec de réels droits de contrôle sur tous les instruments financiers, et depuis l’année dernière sur les offres dites atypiques, ce régulateur et son homologue assurantiel, l’ACPR, ont considérablement réduit la puissance de nuisance des aigrefins et mauvais larrons qui détroussaient les clients. Si certains peuvent dire qu’autrefois c’était mieux, c’est bien les malandrins qui sévissaient sans que la COB ne puisse leur rien dire.

Souvenez-vous de cette affaire concernant cette officine belge « Compagnie des diamantaires d’Anvers ». La COB s’était cru autorisée par la loi du 3 janvier 1983 sur le développement des investissements et la protection de l’épargne à vérifier l’objectivité des informations données aux clients. Les juges de la Cour de cassation l’ont sévèrement condamnée, à l’avantage de ce revendeur de diamants dits d’investissement. « L’excès de pouvoir est flagrant », déclamèrent les juges, et « s’il n’est pas douteux que la COB ait voulu agir pour protéger les épargnants de placements dangereux, l’intention louable n’atténue pas la gravité de la faute commise en s’arrogeant un pouvoir qu’elle n’avait pas ». Que de ravages aussi ont provoqué les assurances vie à frais précomptés vantées par les plus grandes compagnies d’assurances.

Les progrès depuis ont été considérables. Mais sans doute insuffisants, car toute offre de placement, quelle que soit sa nature et quel que soit le procédé de commercialisation, devrait être placée sous visa préalable et sous la surveillance d’un même gendarme des appels à l’épargne. Il conviendrait sans doute de doter ce régulateur de marges budgétaires autrement plus substantielles qu’aujourd’hui sur la base de redevances prélevées sur les sociétés la sollicitant !

Les récentes directives MIF2 et DDA qui ont marqué cette année 2018 ont aussi constitué des avancées notamment pour consolider la professionnalisation du métier de conseil en gestion de patrimoine. Mais là encore, il serait souhaitable d’aller plus loin, cette dénomination de CGP recouvrant des pratiques et des formations tellement diverses.

Enfin, en ce qui concerne les options de placement, la palette n’a jamais été aussi riche ! Pour les CGP, forts de ce nouveau cadre réglementaire, les temps à venir n’ont jamais été aussi intéressants ! Le conseil a de l’avenir !