L'Edito du mois - Janvier 2020

 

L'Edito de Jean-Denis Errard

Rédacteur en chef de Gestion de Fortune
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Black Friday

Depuis les années 50 aux Etats-Unis, le « Black Friday » marque le coup d’envoi des soldes de fin d’année. Les consommateurs se ruent à la recherche de bonnes affaires, créant des embouteillages que les policiers américains considérent comme des journées « noires » de monde.

 

Cette braderie laisse songeur l’observateur des épargnants qui, eux, font exactement le contraire. Ils paniquent si les prix baissent et se précipitent quand les prix montent. L’immobilier est devenu hors de prix du fait d’un décalage entre l’offre et la demande. « Chouette, c’est le moment d’acheter ! », se disent les ménages rassurés de voir les prix monter. Les dernières statistiques montrent qu’on va battre cette année un record de transactions et, en même temps, un record de prix dans les grandes métropoles, à commencer par Paris où la cote semble devenue folle. -50 % annoncent les boutiques pour séduire le chaland, +50 % en cinq ans à Paris, Lyon, Bordeaux... affichent des agences immobilières : l’emballement est le même. Etrange schizophrénie.

 

Sur les marchés financiers, le « Black Tuesday » reste comme le pire souvenir pour les investisseurs ! Entre le 22 octobre et le 13 novembre 1928, le Dow Jones a reculé de 326,51 à 198,69 points (-39 %). Cette braderie, comme toutes les suivantes, n’ont guère enthousiasmé comme les soldes de nos boutiques ! Le consommateur sait faire des affaires, pas l’épargnant ! Je me souviens de cette réaction de Warren Buffett devant l’inquiétude d’un investisseur dans les années 2000 lors de son assemblée annuelle des actionnaires de son fonds Berkshire Hathaway, au CenturyLink Center Omaha. En substance, il lui avait dit : « moi je suis content quand j’ai droit à une offre promotionnelle de deux sandwichs, pour un. Alors pourquoi vous ne profitez pas d’acheter deux actions pour le prix d’une ! »

 

Il y a le noir d’enthousiasme du consommateur et il y a le noir de panique de l’épargnant ! Pourquoi l’un adore le discount et pas l’autre ? Le « triomphe » (selon le mot du président d’Euronext) de l’introduction en Bourse de la FDJ, avec plus de 500 000 épargnants qui se sont précipités, laisse songeur par rapport aux ratios de valorisation élevés de l’entreprise de jeux ! Tant mieux si les Français découvrent l’intérêt de l’investissement dans les entreprises, surtout dans ce contexte de taux qui s’annonce durable, tant mieux s’ils découvrent aussi l’avantage des fonds immobiliers, avec une collecte record sur les SCPI, mais cette éducation financière que Bruno Le Maire appelle de ses vœux devient urgente ! Car il va y avoir des Black Fridays financiers et immobiliers, autant s’y préparer.

 

A tous, l’équipe de Gestion de Fortune vous souhaite une année 2020 la plus euphorisante qui soit. Avec un double « vin », espérons que ce soit une bonne cuvée !