28042024

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Le divorce UIC-Anacofi est consommé


départ - désaccord - conflit

Le conseil d’administration de l’Anacofi du 23 octobre a entériné un départ déjà annoncé par Bérangère Dubus, secrétaire générale du syndicat des courtiers en crédit, qui ne sent plus en phase avec les associations professionnelles.

 

 

Le conseil d’administration de l’Anacofi a voté le 23 octobre le départ de l’Union des intermédiaires de crédit (UIC) de l’association. « Il a pris acte d’une part de la volonté de l’UIC de ne pas renouveler l’accord avec l’Anacofi et d‘autre part, de ce que l’accord initial n’avait pas été honoré par l’UIC ni dans la forme, ni dans l’esprit », détaille à la rédaction David Charlet, président de l’Anacofi.

Cette volonté de rupture avait déjà été affichée par la secrétaire générale de l’UIC Bérengère Dubus sur les réseaux sociaux quelques semaines plus tôt. L’intéressée quitte ainsi son siège au conseil d’administration de l’Anacofi qu’elle avait acquise lors de l’adhésion de son syndicat à l’association en novembre 2022.

Les IOBSP, « parent pauvre » de l’Anacofi

Les raisons de ce départ divergent selon la partie interrogée. Pour l’UIC, le divorce tient principalement au manque d’engagement de l’Anacofi à l’égard des professionnels de l’intermédiation en crédit.

« L’association s’était engagée à défendre le mandat et devait nous faire bénéficier de son appui en tant qu’association professionnelle agréée. En réalité, elle n’a soutenu aucune mesure pour sa reconnaissance, ne nous pas aidé juridiquement ou proposé de synergies », vitupère Bérengère Dubus. Pour l’UIC, les dernières avancées en faveur des professionnels du secteur, dont la réponse ministérielle de janvier 2023 au député Frédéric Cabrolier sur la reconnaissance du mandat par les banques ou la révision mensuelle plutôt que trimestrielle du taux d’usure par la Banque de France, sont à mettre à son crédit.

« Il n’existe même pas de page sur le site de l’Anacofi dédiée aux intermédiaires en opérations de banque et en services de paiement (IOBS) et David Charlet n’a jamais pris la parole en leur faveur, insiste la secrétaire générale de l’UIC. Ils sont restés le parent pauvre de l’Anacofi qui se concentre sur les conseillers en investissements financiers (CIF). »

Bérengère Dubus s’en va avec le sentiment de n’avoir pas pu réellement porter la parole de l’UIC au conseil d’administration de l’Anacofi. « Celui-ci n’est composé que d’hommes CGP de plus de 50 ans, ce qui pose des problèmes de genre, d’âge et de diversité, charge-t-elle. Ils ne se lèvent jamais de leur fauteuil pour aller voir les courtiers en difficultés, les banques qui refusent de traiter les dossiers... »

Une faible implication de l’UIC

A l’Anacofi, c’est un tout autre son de cloche. L’association déplore le manque de participation du syndicat à ses travaux. « En 12 conseils d’administration, la représentante de l’UIC n’est venue que deux fois et seulement quelques minutes, alors qu’elle était administratrice, s’étonne David Charlet. Plutôt que de travailler collégialement, nous constatons que tout se passe sur les réseaux sociaux et ressemble plutôt à un procès public des autres organisations professionnelles, qui n’ont aucune envie de rentrer dans ce jeu. »

Le mérite que s’attribue l’UIC pour les avancées relatives au monde du courtage en crédit est d’ailleurs relativisé par ces mêmes organisations. Sans ramener exclusivement la couverture à elle, l’Anacofi argue de son implication sur ces sujets. La reconnaissance du mandat ? C’est elle qui a négocié le mandat de conseil indépendant. La négociation du taux d’usure ? Le fruit d’une discussion de place qui s’est entre autres tenu au Comité consultatif du secteur financier (CCSF) et à laquelle les associations représentant les IOBSP étaient parties prenantes.

« L’Anacofi-Courtage compte 4 200 entreprises IOBSP plus 1 078 en attente d’immatriculation, dont la moitié était déjà là avant la réforme du courtage, égrène David Charlet. Ils ne seraient pas venus si nous ne faisions rien. Nous existions déjà avant le statut des IOBSP, dont nous avons négocié la naissance, et produisons des kits de conformité depuis lors, en ayant dans nos missions statutaires leur représentation. »

Pas de nouvelle adhésion

Pour le moment, l’UIC ne prévoit pas d'adhérer de nouveau à l'une des associations existantes mais s’inscrit plutôt en opposition à elles, les taxant d’immobilisme. « Notre syndicat n’est pas soluble dans d’autres associations, nous refusons que nos adhérents servent simplement à ce qu’une association professionnelle agréée puisse conserver son agrément [en permettant d’atteindre le seuil de représentativité requis pour exister NDLR], assure Bérengère Dubus. Chaque victoire de l’UIC les fragilise et interroge la pertinence de leur action ces 20 dernières années. »

A l’Anacofi, on souhaite tourner la page. « L’UIC ne souhaite pas collaborer et nous ne sommes pas les seuls concernés, regrette David Charlet. Passons à autre chose et travaillons entre représentants de nos métiers qui le veulent. »

 

JB