03052024

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Le sommaire du mois - Novembre 2018

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L'Edito du mois - Octobre 2018

 

L'Edito de Jean-Denis Errard

Rédacteur en chef de Gestion de Fortune
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Disruption

Voilà un mot à la mode, tout comme son adjectif « disruptif » qui est mis à toutes les sauces. Il se dit que nous avons un président disruptif, que telle start-up est disruptive, que tel discours est disruptif... Pour autant, ce mot n’est pas une invention récente ni un anglicisme. Une disruption, nous apprend mon Larousse de 1870, vient du latin disruptio, qui marque une cassure. On l’utilisait alors en chirurgie pour désigner une fracture. Plus tard, l’édition de 1920 explique qu’est disruptive une décharge électrique lorsqu’elle génère de l’énergie. C’est un professeur d’économie à Harvard, Clayton Christensen, qui va lancer l'expression à la fin des années 90 en évoquant les « innovations disruptives ». Des innovations de rupture qui remettent en cause les rentes établies, à commencer par celles désignées sous forme d’acronyme : GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), plus récemment NATU (Netflix, Airbnb, Telsa, Uber), puis les chinois BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi).

On a l’impression que notre monde est en pleine mutation et que les disruptions technologiques s’accélèrent, certains les prenant pour des opportunités nouvelles, alors que d’autres y voient des menaces potentielles, une méfiance particulièrement répandue en France où l’on y oppose les traditions et les acquis !

Etrangement, et cela me paraît frappant, l’épargne et les placements semblent hors de ce temps de la disruption. Immuables ! Quand vous relisez Balzac ou Zola, vous ne pouvez qu’avoir l’impression que les raisonnements d’alors n’ont pas vraiment changé. Pour ma part, quand je me retourne sur mes 40 ans de journalisme financier, j’ai bien du mal à trouver les « innovations disruptives ». Ce qui me vient en mémoire, c’est le lancement de l’Afer, par Gérard Athias, la désintermédiation pour gérer son portefeuille de titres avec la quasi-disparition des frais de courtage, ou l’émergence de l’épargne salariale. A l’inverse, je me souviens que mon banquier d’autrefois était un conseiller expérimenté, que je pouvais gérer mes avoirs comme je l’entendais sans entraves paperassières, que la banque n’était pas une annexe de l’administration fiscale, de Tracfin, de l’AMF... Les pseudos nouveautés en matière d’épargne sont toutes les produits des esprits manipulateurs de la Direction du Trésor (PEP, Eurocroissance, Perp...) ou des esprits malins des services marketing des établissements financiers, bien loin de l’intérêt des épargnants. Sous le poids des réglementations MIF2, DDA, Priips..., je suis même enclin à me demander si le monde de l’épargne ne serait pas « anti-ruptif » !

« Le véritable changement serait de rendre le pouvoir aux épargnants en les rendant décisionnaires de leurs placements et ainsi maîtres des rendements », suggère ici Guillaume-Olivier Doré, fondateur et CEO de Mieuxplacer.com. Puissent les fintechs donner cette impulsion disruptive profitable à l’investisseur !

Le sommaire du mois - Octobre 2018

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L'Edito du mois - Septembre 2018

 

L'Edito de Jean-Denis Errard

Rédacteur en chef de Gestion de Fortune
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Mérovingien

«La recherche de performance comporte un risque de perte en capital », indique une publicité pour un produit financier. Je me demande si l’AMF ne devrait pas imposer comme mise en garde de la même manière : « la recherche de sécurité comporte un risque de perte en capital ». Car enfin, il n’existe plus aucune option rentable permettant de faire fructifier un capital sans prendre de risque ! Il fut un temps où l’épargnant paresseux pouvait s’enrichir sans rien faire avec les sicav monétaires et l’assurance vie en euros. Cette époque est révolue. Ce message d’alerte sur le risque de perte avec des fonds boursiers me paraît désuet. Il vaudrait mieux expliquer, ce que la plupart des épargnants ignorent, qu’en pouvoir d’achat, le « sans risque » (0,75 % pour le livret d’épargne à 2 % au mieux cette année pour l’assurance vie en euros) garantit de perdre de l’argent. Le « panier de la ménagère » de 100 € en janvier 2018 coûtera sans doute 102 € en janvier 2019 (selon les prévisions d’inflation) alors que son livret n’aura une valeur que 100,75 €. Ne vaudrait-il pas mieux dire : « Pour protéger le pouvoir d’achat de votre épargne, il faut savoir prendre des risques » ? En somme, les placements c’est comme dans la vie : en créant son entreprise on a plus de chances de vivre mieux qu’en entrant dans la fonction publique. Mais le statut, c’est la sécurité. Ceci dit, dans le palmarès de Challenges des 500 grandes fortunes, on ne trouve aucun haut fonctionnaire.

C’est une aubaine pour le conseil en gestion de patrimoine d’avoir à expliquer ce changement d’époque. Il ne s’agit pas d’opposer le fonds en euros et une unité de compte. Mais – et c’est là que le rôle du conseiller est essentiel – il s’agit de faire comprendre l’intérêt de la diversification en intégrant une nouvelle donnée qui est celle du temps, ou de la liquidité. Autrefois, l’épargnant vivait avec l’obsession à la fois de la sécurité et de la disponibilité à tout moment. Cette exigence a aujourd’hui un coût pour l’épargnant. Le message le plus approprié pour l’information de l’épargnant devrait être : « La recherche de performance exige une vision de long terme ». Hervé Thiard, DG de Pictet AM France-Benelux, constate, lui, que les mentalités progressent. Tant mieux !

Fini le temps des Mérovingiens, désignés comme les rois fainéants (ainsi dénommés pour avoir « fait néant »). Face à ce monde actuel en pleine mutation en termes de concurrence et de migrations, il semble opportun d’entrer dans l’ère des bâtisseurs, celle de l’apport aux fonds propres des entreprises (private equity) et celle de la finance solidaire (socialement responsable). Les nouvelles normes européennes devraient de ce point de vue servir de balisage vers ce changement de paradigme. Mettre l’argent au travail, une mission de premier ordre pour les conseils en gestion de patrimoine !

L'Edito du mois - Juillet/Août 2018

 

L'Edito de Jean-Denis Errard

Rédacteur en chef de Gestion de Fortune
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Haro sur le baudet

Le matraquage fiscal de l’immobilier est stupéfiant. Tout a commencé avec la loi de finances avec les deux « flingues » fiscaux que sont la flax tax de 30 % et l’IFI. Une flat tax qui, sous prétexte que les capitaux s’envolent et que les immeubles restent, revient à taxer les revenus fonciers deux fois plus que les divi- dendes financiers (45 % de taux marginal maximal + 17,2 % de prélèvements sociaux). Quant à l’impôt sur la fortune, l’immobilier sert de prétexte politique pour afficher une « réforme » et non une suppression et pour culpabiliser ceux qui ne « roulent » pas pour l’investissement dit « productif » et la création d’emplois.

Le législateur a poussé la mesquinerie jusqu’à n’autoriser la déduction de l’emprunt souscrit pour l’achat de la résidence principale qu’à hauteur de 70% de sa valeur, ce qui est légalement contestable. D’ailleurs, n’allez pas croire que l’IFI ne serait qu’un ISF immobilier. Quel casse-tête ce Bofip ! L’administration a été incapable de publier ses commentaires avant la date initialement prévue pour les déclarations.

S’en sont suivies des polémiques sur la fiscalité locale. Bercy a annoncé une suppression de la taxe d’habitation. Bonne nouvelle, direz-vous, mais l’histoire fiscale de notre pays nous a appris à nous méfier des jeux de bonneteau de Bercy : la taxe n’est plus là, elle réapparaît là, les communes pouvant librement augmenter les taxes foncières pour compenser... Et puis on apprend que cela ne concernera que l’habitation principale. La révision des valeurs cadastrales réservera sans doute aussi des surprises.

Maintenant Matignon nous apprend que les droits de mutation vont pouvoir augmenter. Avec ce marché immobilier en pleine euphorie dans les grandes métropoles, dopé par des taux de crédits très bas, le procédé est malin...

Ah, n’oublions pas aussi ce rapport de la Cour des comptes qui tire à boulets rouges sur la défiscalisation immobilière et aussi le décret sur le plafonnement des commissions Pinel !
La pierre serait un produit de rente. Pour qui ? L’immobilier, plus que jamais, est une vraie vache à lait pour notre Etat impécunieux, incapable de ralentir ses dépenses comme vient de le rappeler pour la énième fois la Cour de comptes.

Le plus choquant, c’est cette discrimination patrimoniale, ce sectarisme arbitraire contre l’immobilier, ce qui devrait quand même un minimum interpeler le Conseil constitutionnel comme une atteinte à la liberté, au droit de propriété, à l’universalité du patrimoine ! Que dire de l’incohérence du législateur ! Comment comprendre ainsi, en matière d’immobilier d’entreprises, que des parts de SCPI soient punissables fiscalement alors que des parts d’OPCI seront mieux traitées (flat tax et exonération partielle d’IFI) et que des foncières cotées auront droit à un régime de faveur tout comme les FCPR qui financent les activités de promotion immobilière. Sans oublier que l’immobilier des fonds en euros est exonéré contrairement aux unités de compte.

L’impécuniosité de notre Etat aboutit vraiment à des contorsions fiscales délirantes.

Le sommaire du mois - Juin 2018

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L'Edito du mois - Juin 2018

 

L'Edito de Jean-Denis Errard

Rédacteur en chef de Gestion de Fortune
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Par les fenêtres

«Si, face à la complexité de notre système de prélèvements fiscaux et sociaux, il peut arriver au contribuable de bonne foi de commettre erreur ou oubli, appelant de l'administration un traitement bienveillant, le fait de se soustraire sciemment à ses obligations contributives doit être poursuivi avec la plus grande efficacité, et sévèrement sanctionné ». Voilà ce qu’explique en préambule le projet de loi que vient de présenter le ministre Gérald Darmanin afin de renforcer les contrôles et sanctions contre la fraude fiscale.

Ce projet fait remarquer que « manquer volontairement à ses obligations fiscales et sociales sape les fondements de la confiance des citoyens ». Ces observations m’inspirent deux remarques :


1. Ce qui « sape » vraiment la confiance c’est avant tout – et le gouvernement le reconnait explicitement – cette inextricable complexité de notre système fiscal dont la compréhension est devenue réservée à une élite. J’y ajoute cette constante instabilité des règles et surtout cette détestable habitude de faire rétroagir les nouvelles mesures.

2. Ce qui « sape » surtout la confiance c’est l’irresponsabilité dans la gabegie des fonds publics. Une gabegie que dénonce tous les ans la Cour des comptes, en vain !


Le gouvernement veut « poursuivre avec la plus grande efficacité et sévèrement sanctionner » la fraude. Il serait juste qu’il en soit de même avec l’usage des fonds publics. Le pendant du délit de fraude fiscale devrait être un délit de gaspillage des recettes fiscales ! Commander un rapport bidon payé à prix d’or n’est pas moins répréhensible que frauder l’impôt ! Comment peut-on prétendre punir les Français qui « se soustraient sciemment à leurs obligations contributives » et pas ceux qui, envers les Français, devraient être comptables de l’usage de leurs impôts !

Il est question de montrer du doigt des fraudeurs qui, selon ce préambule du projet de loi, « grèvent les recettes publiques nécessaires à la solidarité nationale et au financement des services publics » (le fameux « name and shame »). Mais pourquoi cette mise au pilori en place de Grève ne serait-elle pas autant valable pour ceux qui jettent l’argent public par les fenêtres en totale impunité ! On nous dit que la fraude fiscale s’élèverait à 85 Md€, ce qui couvrirait le déficit budgétaire. Et à combien la Cour des comptes chiffre-t-elle la gabegie des fonds publics à tous les niveaux du fonctionnement de nos institutions, de la gestion de l’Etat jusqu’à celles de nos territoires et des établissements publics, en passant par l’administration du patrimoine national, mais aussi de nos ambassades et consulats ?

C’est trop facile d’accuser les Français de frauder et de ruiner ce que le gouvernement appelle « la société de confiance », lorsque nos institutions publiques sont elles-mêmes les premières à entretenir une culture de l’orgie budgétaire.

« Les Français ne tolèrent plus la fraude et exigent des résultats », souligne l’exposé des motifs du projet de loi. En vérité, ils sont bien plus exaspérés par cet Etat, ces régions, départements, communes... qui jettent l’argent de leurs impôts par les fenêtres.

Le sommaire du mois - Mai 2018

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L'Edito du mois - Mai 2018

 

L'Edito de Jean-Denis Errard

Rédacteur en chef de Gestion de Fortune
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Sagesse

Est-il possible de parler de sagesse populaire quand il s’agit d’épargne ? Regardez le livret A qui fait un tabac alors qu’il rapporte deux fois moins que l’inflation ! 0,75 % alors que la Banque de France anticipe 1,4 % d’érosion monétaire.

Quand les boutiques lancent les soldes, les consommateurs se précipitent et parfois s’empoignent pour obtenir le produit convoité. Quand la Bourse fait de même lors de ces braderies régulières appelées krachs, c’est la panique inverse ! Je me souviens de cette réplique de Warren Buffet, lors d’une assemblée annuelle de son fonds Berkshire Hathaway, qui disait qu’il était heureux quand son McDo préféré proposait des promotions de deux hamburgers pour le prix d’un et qu’il ne comprenait pas pourquoi les gens ne faisaient pas de même en Bourse. L’épargnant, lui, attend que la hausse soit passée pour investir, ce qui rappelle aussi cette réflexion de John Rockefeller, le plus célèbre milliardaire de l’histoire américaine, racontant qu’il avait vendu toutes ses actions juste avant la crise de 1929 quand un chauffeur de taxi new-yorkais lui avait demandé des conseils boursiers. A l’époque, même les cireurs de chaussures avaient leur avis sur la question. Il avait pris cela pour des signaux d’alerte.

En immobilier, de même. Je me souviens qu’en 1997-1998 lorsque les prix étaient à la cave, personne ne voulait profiter de la braderie. Aujourd’hui, c’est la ruée alors que c’est trop cher par rapport au niveau de revenu disponible des Français.

La notion de risque est aussi curieusement perçue par les épargnants. Acheter une action Air Liquide, L’Oréal, LVMH... est considéré comme dangereux par l’immense majorité des épargnants. L’AMF étiquette 7 sur 7 en niveau de risque le placement dans un fonds en actions alors que tout le monde sait que la création de richesses est dans les entreprises et pas ailleurs. Quel paradoxe de voir ces mêmes épargnants se précipiter sans sourciller vers des miroirs aux alouettes ? En matière financière beaucoup croient au Père Noël alors que, dans ce domaine, il fait penser à l’intitulé de cette fameuse pièce de théâtre du Splendid !

Curieusement, alors qu’une action est tout ce qu’il y a de plus liquide, certains épargnants frileux ont le courage surprenant de s’embarquer sur des engagements incroyablement longs, bien que la vie actuelle soit pleine d’incertitudes !

Autre exemple, acheter, dit-on souvent, serait mieux que louer. Une banque grand public n’hésite pas, en ce moment, avec une campagne publicitaire, à surfer sur cette illusion populaire pour vendre du crédit immobilier.

Bref, en matière d’épargne, je ne crois pas à une sagesse populaire. Je crois en de sages conseillers en gestion de patrimoine.

Le sommaire du mois - Avril 2018

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L'Edito du mois - Avril 2018

 

L'Edito de Jean-Denis Errard

Rédacteur en chef de Gestion de Fortune
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Rebouteux

Imagine-t-on que l’Ordre des médecins accueille dans ses rangs des rebouteux et autres exorcistes ? De la même manière, Lionel Lafon, vice-président de la CNCGP, se demande dans un récent éditorial de la e-letter de la chambre : « Comment un professionnel peut-il se présenter CGP, en se cantonnant à de la vente immobilière ou être limité à l’activité de courtage d’assurances ? » Je respecte les rebouteux et les courtiers et ne recherche pas la comparaison, évidemment, mais dans l’esprit du public, le mélange des genres sous la même enseigne entre des professionnels de la stratégie patrimoniale et des vendeurs de produits (parfois d’attrape-gogos !) est surprenant.

Combien de soi-disant CGP ai-je rencontré qui tiennent des boutiques de farces et attrapes en défiscalisation, en pacotilles (je pense à l’arnaque des « terres rares ») et autres miroirs aux alouettes ! Comment, dans une même profession, peut-on trouver des conseils en organisation patrimoniale très pointus, formés à l’Aurep ou autre excellente université, aux côtés de courtiers qui sciemment vendent des produits surcommissionnés dont ils savent qu’ils ne tiennent pas la route. Régulièrement, nous voyons passer ce type de produits que j’appelle « de rebouteux » comme, par exemple, ce structuré fondé sur un étrange indice synthétique (« S&P Euro 50 Equal Weight Synthetic 5 % Price ») relevé sur une brochure commerciale. On comprend que cette confusion puisse « excéder », selon l’expression de Lionel Lafon, ceux qui font vraiment et noblement profession de conseiller le client.

Combien de fois ai-je rencontré, dans le cadre de nos « portraits » tous les mois, des CGP qui s’avouent horripilés de se voir affiliés sous la même bannière que des courtiers parfois sans scrupule ?

La réglementation a évolué, de nouvelles contraintes tendent à protéger l’épargnant européen par une plus grande transparence. Mais, étrangement, seule l’offre de produits financiers, ce qui ne représente qu’une part limitée dans le patrimoine des clients, est placée sous la vigilance des régulateurs. Certes, récemment, l’AMF s’est vue reconnaître par le législateur un certain pouvoir a priori sur la commercialisation de « biens divers ». Pour autant, par exemple, aucune de la centaine d’officines de prétendus « diamants investissement » ne s’est fait enregistrer. En immobilier (physique), comment comprendre que les garanties préalables à la vente de produits financiers ne bénéficient pas autant au prospect avant qu’il signe un engagement, ce qui éviterait des dérives sur des programmes dits de défiscalisation ? Le projet de décret de Montgolfier sur le plafonnement de ces rétrocessions irait dans le bon sens si son véritable objectif n’était de favoriser les majors de la promotion immobilière et, en vérité, de consolider des marges brutes qui dépassent de plus en plus souvent 20 %.

Bref, Lionel Lafon lance un juste débat, pourquoi appeler CGP de simples courtiers, alors qu’on appelle docteur celui qui sort d’une faculté de médecine et non le rebouteux de campagne ?

Le sommaire du mois - Mars 2018

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L'Edito du mois - Mars 2018

 

L'Edito de Jean-Denis Errard

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Y’a qu’à !

Quel beau « collier » pourrait-on faire avec toutes ces « perles » entendues lors de ce pompeux « grand rendez-vous de l’investissement productif », baptisé sur les réseaux sociaux #MakeOurEconomyGreatAgain (en anglais, ça fait chic) ! Entre autres perles, celle-ci de la député Amélie de Montchalin : « Il y a beaucoup, beaucoup à faire pour former les conseillers bancaires dans l’accompagnement des patrons de PME ».

Du « y’a qu’à » pur jus. On n’a pourtant pas entendu le président de l’AMF rappeler à l’ordre cette parlementaire, comme il l’a fait pour une starlette qui faisait la réclame du bitcoin, lorsqu’elle a lancé : « L’assurance et le Livret A ne rapportent plus rien, les PME si ! ». C’est vrai que potentiellement, pour qui recherche la performance, l’investissement au capital des entreprises peut être intéressant. Mais, ce qu’a twitté le régulateur pouvait être autant adressé à cette jeune député : « C'est très risqué ! On peut perdre toute sa mise. Pas de placement miracle ».

Il existe des solutions pour investir dans les PME : le PEA-PME, les FCPI et FIP, les fonds de private equity d’assurance vie. Commençons par se demander pourquoi celles-ci ne suscitent pas d’engouement ! L’explication, on la connait : les Français recherchent la sécurité, bien plus que la rentabilité. Ils aiment les fonds en euros parce que leur argent est protégé. Pourquoi voulez-vous qu’ils aillent exposer leurs économies à des aléas ? Cela d’autant que la réglementation les encourage à planquer leur argent puisqu’un couple avec deux enfants peut placer sans impôt et sans aucune prise de risque près d’un demi-million d’euros avec tous les livrets.

Cette député ne peut pas dire à la veuve de Carpentras que « si chacun met 0,5 ou 1 % de son épargne dans les PME, pour nous, ça ne change rien, pour les PME ça change tout ». On ne peut pas embarquer tout l’épargne populaire dans l’aventure entrepreneuriale sans expliquer que ce n’est pas pour tout le monde ! Les CGP le savent (il n’est nul besoin de les envoyer à l’école comme elle le suggère), faire acheter des actions c’est s’exposer à un risque de perte en capital qui peut être très important (-16,95 % en 2011, -42,68 % en 2008, -33,75 % en 2002 et -21,97 % en 2001 pour le CAC 40) et à un risque d’illiquidité pour les titres non cotés.

Ce fléchage de l’épargne vers les PME, comme on dit, n’est pas une question de formation, mais de responsabilité et de réglementation. Les nouvelles pesanteurs de MIF2 pour les conseillers financiers, tout comme les exigences prudentielles de Solvabilité 2 pour les gérants, vont exactement dans le sens contraire de l’investissement en fonds propres des entreprises. En outre, les patrons de PME ont-ils vraiment envie d’ouvrir leur capital et de quelle manière ?

Si cette mobilisation est une cause d’intérêt national, l’Etat doit aller au-delà du « y’a qu’à » ! Le stock de 1 700 Md€ en assurance vie et 400 Md€ sur les comptes de dépôts bancaires ainsi que le flux d’épargne annuel de 190 Md€ n’iront pas dans l’économie dite productive si l’Etat ne se mouille pas comme les épargnants et les professionnels qu’on appelle à la rescousse pour sauver le soldat PME !

Le sommaire du mois - Février 2018

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Le sommaire du mois - Janvier 2018

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Le sommaire du mois - Décembre 2017

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L'Edito du mois -Décembre 2017

L'Edito de Jean-Denis Errard

Rédacteur en chef de Gestion de Fortune
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Effervescence

Le ministre de l’Economie affiche la couleur dans cette loi de finances : « alléger la fiscalité sur le capital ». Il rompt avec cette égalité de traitement que prônait le précédent gouvernement entre revenu du capital et revenu du travail ; terminée la neutralité voulue entre l’imposition des dividendes et celle des salaires. Désormais les premiers seront privilégiés par rapport aux seconds.

C’était en vérité déjà le cas dans la mesure où il existait un abattement fiscal substantiel de 40 % sur les dividendes. Mais le parti pris sera clairement assumé à partir de l’année prochaine avec cette « flat tax » à 30 % au lieu du taux – théorique – de 45 %. Cela ne change rien pour les prélèvements sociaux (17,2 %) mais la baisse d’impôt sur le revenu est considérable : 12,8 % au lieu de 27 % (45 % x 60 %). Pratiquement moitié moins.

Un économiste, Gabriel Zucman, écrit dans le quotidien Le Monde du 25 octobre que cette évolution « fait basculer une réforme fiscale déjà injuste vers l’iniquité la plus totale ». Est-ce légitime de rompre l’égalité devant la charge publique entre ceux qui détiennent le capital et ceux qui apportent leur travail, donc entre ceux – les chefs d’entreprise – qui peuvent se rétribuer en dividendes moins taxés et ceux qui ne peuvent pas, n’étant que salariés ? Eternel débat entre deux sensibilités politiques.

Mais l’appréciation sur le terrain moral n’a pas forcément sa place. En réalité seule compte l’efficacité de cette dépense publique. Ce « manque à taxer » sur les dividendes aura-t-il un impact sur la croissance économique ? Le gouvernement chiffre le coût global de la flat tax à 1,5 Md€ (cet économiste l’estime à 10 Md€ par an) auquel s’ajoutent les 4 Md€ de l’ancien ISF. Matignon renonce à plus de 5 Md€ de recettes en escomptant un gain bien supérieur (sur lequel on n’a cependant aucune information dans l’exposé des motifs).

L’argument invoqué par le ministre de l’Economie, pour motiver cette différence de traitement au bénéfice des dividendes, à savoir un « meilleur financement de notre économie », justifie-t-il ce parti pris ? Cela d’autant que les rentiers de la cote boursière ne sont pas forcément en adéquation avec cet objectif !

Si le but est d’encourager la prise de risque, comme l’affirme Bercy, et compte tenu de l’état délabré des finances publiques, ne convenait-il pas que le gouvernement mette le paquet sur l’économie émergente, sur les jeunes entreprises et ceux – particuliers, fonds d’investissement – qui les soutiennent dans leur développement ?

« Flat » a plusieurs sens en anglais. Le plus approprié, à mon avis, désigne les sodas éventés : sans effervescence. Les dividendes du CAC 40, souvent généreux, sont mis sur le même pied d’égalité que ceux des start-up, souvent faibles pour cause de réinvestissement. Qui plus est, ce taux flat est indifférent à la durée de détention. C’est une taxe sans effervescence.

Le sommaire du mois - Novembre 2017

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